Twit Twit Twit Codec
Publié le 22 Janvier 2018 sur LinkedIn EMBER_CLI_FASTBOOT_TITLE EMBER_CLI_FASTBOOT_HEAD
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Le tweet c'est une opération de compression réduction de la pensée
Tweet c'est l'équivalent de 'cui-cui', le chant du petit oiseau. J'adore les petits oiseaux, il y en a beaucoup dans mon jardin. C'est un vrai régal de les écouter chanter et pour certains faire des vocalises.
Mais après côté cervelle, leur réputation n'est pas excellente. Si un jour quelqu'un vous dit que vous avez une cervelle d'oiseau, ce n'est a priori pas très flatteur.
Après ce détour explicatif vers les origines du mot ‘tweet’, je suis encore plus désabusée, désorientée d'observer tous ces gens se précipiter pour faire cui-cui sur la toile et donc s'exposer au risque d'être considéré comme ayant une cervelle équivalente à celle de ce petit animal auquel cette douce onomatopée fait référence.
Car le tweet c'est une opération de compression réduction de la pensée
Alors pour tweeter, déjà, il faut avoir une pensée. Si vous avez déjà jeté un oeil sur un flot de tweet, cela vous a rapidement confirmé qu'avoir une pensée, quelle qu'elle soit, sans jugement aucun, et bien déjà ce n'est pas donné à tout le monde.
Concentrons nous sur celles et ceux, privilégiés par la nature, qui sont arrivés à faire émerger une pensée de leur cervelle d'oiseau.
Pour formuler notre pensée, de grosses cervelles d'ingénieurs multi diplômés start uppers désormais multi-millionaires ont développé cette merveille d’ingéniosité qui vous demande de l'exprimer - notre pensée - en moins de, tenez vous bien, 80 caractères.
Grosses pensées s'abstenir. À moins bien sûr que votre petite cervelle ait acquis cette capacité additionnelle de savoir compresser une grosse pensée, de la piler, de l'écraser, pour arriver à la formuler en moins de.... 80 caractères.
Laissons donc de côté les grosses pensées compliquées qui, de plus, risqueraient d’être intéressantes, et concentrons nous sur les petites pensées voire même les mini ou les micro pensées. Genre 'tiens il ne fait pas beau ce matin’ ou bien 'zut mon train est en retard’ ou bien 'mince j'ai oublié d'acheter les croquettes pour le chat’.
Non seulement il faut réduire l'expression de cette pensée à son strict minimum - encore plus petit qu'un string sans le triangle devant - mais en plus il faut lui rajouter des éléments étranges, les fameux hashtags.
Passé le moment de solitude à se demander où peut bien se trouver le fameux hashtag sur son clavier - ctrl alt GR + touche du 3- nous pouvons nous lancer dans les joies de l'auto publication de notre micro pensée qui va être mise à disposition de l'ensemble de l'humanité.
Pas beau ce matin #putaindenuages #ouestpasselesoleil #jemecassesouslestropiques #zutjavaisoubliéquecétaitlapériodedestempêtestropicales
Train en retard #riennechange #aquoicasertdavoirdeshorairessiilsnesontjamaisrespecté #gagnonsdutempssupprimonsleshoraires
Oublié croquettes du chat #pasderonroncesoir #lebollegrosveinardilvamangeruneboitedethonàlaplace
Les petits oiseaux eux, en attendant, avec leur petite cervelle gazouillent toujours joyeusement et créativement dans mon jardin quand nous, avec nos grosses cervelles, nous baragouinons des inepties qui n’intéressent personne mais que nous publions quand même pour essayer d’être entendu ? Ou pour nous rendre compte un peu plus chaque jour de l’étendue de notre ignorance.
N'oubliez pas d'aimer, de partager, au propre comme au figuré....
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